ENTRETIEN AVEC CASTELHEMIS
(...) Après un bref passage de présentation, et du pourquoi, du comment de mon coup de fil, on attaque le vif du sujet :
- (Mornelune) Comment trouve-t-on des albums de Castelhemis ?
- (Castelhemis) hé, hé, j’en sais rien ! ! Je n’en ai aucune idée, dans le commerce, maintenant je ne sais pas; ça ne dépend pas de moi la distribution, ça dépend combien ils en vendent. S’ils en vendent plus, c’est comme une savonnette qu’ils vont retirer de la vente ! Je sais qu’il y a peu de temps j’ai vu, moi, je n’sais pas où c’était, à la fnac en cherchant quelqu’un d’autre, j’ai vu que j’avais un disque, le seul compact que j’ai fait, cad le dernier
- Oui, Castelhemis 88
- Bon, j’ai vu qu’il y était ; mais maintenant, est-ce que c’est un vieux stock qu’ils écoulaient, est-ce que c’est toujours distribué, j’en sais rien.
- Non celui-ci, effectivement on le trouve partout. Mais en fait ce que les personnes recherchent, ce sont les 33 tours
- Les premiers ont été distribués par ...
- Par Cezame ?
- Non, ils ont été produit au début par Cezame, mais ils ont été distribués par RCA, quand RCA existait encore, après ils ont été repris par BMG.
- BMG ?
- Oui, c’est eux qui ont racheté RCA, c’est un truc Allemand BMG, initiales d’un truc imprononçable, c’est un énorme truc, c’est genre Havas mais version allemande.
- D’accord.
- Donc ils ont racheté RCA et je me suis retrouvé distribué par BMG et maintenant ça doit être devenu ... Je n’sais pas si ça existe toujours ...
- Aux dernières nouvelles, il y avait Koka Distribution ...
- Oui, ça c’est Cezame tout ça
- ... qui avait encore des albums à vous en janvier dernier, mais quelqu’un est passé par là et a racheté tout le stock. Donc ils n’en ont plus et pour s’en procurer maintenant, on ne peut les avoir que de copies K7 à copies K7 !
- Voilà oui !
- A mon avis, vous en avez distribué sans le savoir énormément comme ça ...
- A oui ...
- ... que par la voie du vynil ! Mais vous continuez toujours à percevoir des royalties dessus ? Si ce n’est pas indiscret !
- C’est à dire que je le regarde pas trop puisque je le reçois directement sur mon compte en banque, mais je touche des droits d’auteur puisque j’avais fait des, enfin, ils m’avaient pris des musiques pour faire des publicités ! Donc je touche des droits d’auteur de trucs publicitaires dont je n’ai aucune idée de c’que c’est ! et puis je reçois de temps en temps des droits d’auteur, et puis des royautés aussi, j’ai reçu quelques chèques comme ça, mais vraiment très très peu ! Ils font strictement ce qu’ils veulent ! Comme je ne regarde pas vraiment, ils peuvent en vendre 10000 et me dire qu’ils en ont vendu 500, j’en sais rien ! (sic !). Et puis vous savez, de toute façon, ça ne va pas chercher loin. Même s’ils sont honnêtes ou malhonnêtes, ça ne serait pas une grosse escroquerie !
- (...)
- (Mornelune) A l’époque où vous tourniez, vous tourniez surtout sur la côte Atlantique, entre les Landes et la Bretagne, non ?
- (Castelhemis) J’ai tourné beaucoup, surtout en Bretagne. Dans le grand Ouest !
- En effet quelques amis bretons m’avaient dit : " Tiens Castelhemis est à l’affiche ! " et on s’est dit : " Enfin, il va faire une tournée nationale et ... "
- Mais j’ai été jouer un peu partout
- Oui, vous êtes passé à Toulouse
- Oui, j’ai joué à Toulouse, je ne sais plus où ?
- A la salle du théâtre du capitole
- (...)
- (Mornelune) Vous avez fait des copies, vous, de concert ?
- (Castelhemis) Ah non, aucune !
- Vous n’avez rien conservé de tout ça ?
- Non, non.
Ensuite je lui demande l’autorisation de mettre des extraits de ses chansons, voire carrément des morceaux complets ...
- (Castelhemis) Mais le problème, c’est que ça ne m’appartient pas. Ça appartient à la maison ... Je vais me renseigner (...) auprès de mon ancien producteur (...) parce que ça intéresse l’artiste, ça intéresse le producteur. L’artiste ça l’intéresse par rapport au manque à gagner au niveau des droits d’auteur et des royalties de distribution de disque
- (Mornelune) D’accord
- Ça c’est mon problème, si je vous le donne, je vous le donne, personne ne peut s’y opposer ! Par contre, ça regarde l’éditeur en tant que Sacem, et ça regarde le producteur en tant que non vente de support.
- (...)
Je passe enfin aux questions d’ordre générales :
- (Mornelune) J’ai appris que vous aviez monté une crêperie ...
- (Castelhemis) Oui, j’ai monté plusieurs affaires dont une crêperie
- Elle se trouve où ?
- A Vannes. Mais c’est bête puisque je l’ai vendue !
- Ah d’accord
- J’y suis encore en ce moment. Je pars le 31. Mes successeurs rentrent à la fin du mois.
- Donc on ne pourra plus goûter vos crêpes cet été
- Non ! C’est foutu ! Alors après, je ne sais pas du tout ce que je vais faire. Je crois que je vais partir loin ...
- En fait, qu’est ce que vous avez fait après " Castelhemis 88 " ?
- J’ai monté des affaires, j’ai monté des commerces. J’ai eu un commerce d’objets de décoration ; j’ai eu un salon de thé ; la crêperie ; une maison d’édition qui a été un fiasco complet ; j’ai fait un peu d’immobilier .... Faut bien s’occuper ? A mon âge ! !
- Figurez-vous que je ne connais même pas votre âge !
- J’ai 50 ans
- 50 ans cette année ?
- Non, non, je les ai eus, je vais avoir 51.
- (...) Et pourquoi avez vous arrêté finalement la chanson ?
- Parce que j’en avais marre ! Disons que je pouvais le faire. Ma situation économique me le permettait. Parce qu’il y a des gens, on dit toujours qu’ils sont devenus ringard et je ne voulais pas devenir un chanteur aigri. Je ne voulais pas devenir ça. Or dans ce métier là, on peut pas être ..., moi je n’ai jamais été au top, mais j’avais tout de même un certain succès. Ça peut pas durer longtemps, ce genre de truc. Moi, je voyais des copains qui s’enfonçaient dans le " ouais, c’est tous des cons les jeunes " , et je ne voulais pas devenir ça. Donc, ma situation financière me permettait d’arrêter ; j’ai eu quelques problèmes de santé, mais ce n’est pas ça qui m’a fait arrêter (...), ils ont été antérieur à cela.
- D’ailleurs, certains vous avaient cru mort, et faisait une relation avec votre chanson " le crâne ", où ils voyaient un texte sur un cancer quelconque ...
- Ah oui ? Les gens sont givrés ! !
- Donc, on était triste pendant des années ...
- Et bien je suis ressuscité !
- Tant mieux
- Et puis c’est bien, parce que le jour où je vais vraiment mourir, vous ne le croirez pas ! ! !
- (sic !)
- Donc, j’en avais marre, et je n’étais plus tellement en phase avec ce que je racontait. Cad que je suis plutôt sincère, je n’aime pas prendre les gens pour des cons (...) Il faut être en phase avec ce que l’on raconte, surtout lorsque l’on raconte des trucs à des gamins qui croient tout ce qu’on leur dit... Donc, moi je n’étais plus tellement en phase, non pas que je renie ce que j’ai pensé à une époque, mais en vieillissant, on se ramolli du bulbe et puis, on aspire à d’autres visions de la vie. Maintenant, ce que j’ai dit, j’l’ai dit et je le pense toujours du reste. Disons que j’ai mis un peu d’eau dans mon vin ; c’est normal.
- Oui
- Donc je montais sur scène et je me disais que j’étais en train de dire des trucs, de faire des chansons .... j’en avais marre, ça ne m’apportais plus grand chose. Le côté dédicasse à la fin, p’tites nanas, ça va deux minutes ! Et puis, ... j’en avais marre ! (...)
- En fait, ça correspond un peu à votre image. Quand on vous décrit, on vous décrit comme étant un anti avec trois points de suspensions ; cad anti conventionnel, anti commercial, anti prise-pour-un-con
- Oui, c’est vrai ... Anti commercial ça veut plus rien dire, parce que faut bien manger
- Oui, tout à fait ; mais j’entends par là anti top, anti top 50
- Voilà oui.
Du coup, on polémique tous les deux sur la variété, sur l’avenir de la musique marginale, etc.
Enfin, je conclus mon entretien :
- (Mornelune) Si on veut vous écrire. Est-ce que vous acceptez que des gens vous écrivent ?
- (Castelhemis) A la crêperie, ils vont me faire suivre le courier. Je ne sais pas ce que je vais faire ; je crois que cet été je vais rester ici en Bretagne. (...) Mais je vais partir certainement aux Antilles. Donc je serai difficilement joignable ! !
- Et oui ! !
- C’est Philippe Laboudigue, Crêpes et compagnie, 3 Place Henri IV 56000 Vannes
- (...)
- Cet été j’irai peut-être, parce que je ne suis pas à
une contradiction près, je suis un fan de corrida, je ne suis pas comme
Francis Cabrel... et je vais tous les ans voir les corridas à Mont
de Marsan (...) et à Dax
(...).
Voilà. Je tiens à remercier Castelhemis de sa gentillesse et de
s’être prêté au jeu de l’interview. Si, j’ai coupé certains
passages, c’est que je les ai jugés trop personnels, et que j’ai promis
à Castelhemis de ne pas faire un mauvais usage de cet entretien. Je vous
ferais donc à mon tour la même recommandation !