Yan Pétit (envoyé par Nicolas Guibout)
Yan Pétit / Joan Petit :

Joan Petit que dança,
Dab lo rei de França.
Joan Petit que dança,
Sab pas ço qui dança.

1- Dab lo dit, dit, dit,
Dab lo dit, dit, dit,
Atau que dança Joan Petit.
2- Dab la man ...
3- Dab lo pè ...
4- Dab lo jolh ...
5- Dab lo cuu ...
6- Dab lo nas ...
7- Dab lo cap ...


Jean-Petit :

Jean-Petit, il danse avec le roi de France.
Jean-Petit, il danse, il ne sait pas ce qu'il danse,

1- avec le doigt
2- avec la main
3- avec le pied
4- avec le ventre
5- avec les fesses
6- avec le nez
7- avec la tête

Ainsi danse Jean-Petit.

ANALYSE proposée par Thibaut PLANTEVIN :

Origine :

Cette chanson date du Moyen-Âge (en tous cas sa mélodie et son rythme).

Le personnage principal de l'histoire de cette chanson (ici Jean Petit) représente un pauvre type qui, pour nourrir sa famille, a été obligé de voler une poule ou quelques oeufs. Or au Moyen-Âge, la justice était différente d'aujourd'hui. On attachait les voleurs sur une roue au milieu de la place du village, et on le torturait à mort pour montrer aux autres gens du peuple qu'il ne fallait pas faire ce qu'il avait fait. Alors quelques bonnes gens du peuple justement, pour dénoncer cette injustice, cette barbarie, ont composé une chanson en hommage à ce Jean Petit, ou ces pauvres gens, obligés de voler malgré eux et malgré les lois. Cette chanson s'est donc transmise de génération en génération en souvenir de l'histoire, avec des paroles au second degré afin de l'apprendre à des enfants sans les choquer. Ainsi dansait Jan Petit mais quelle danse faisait-il !

Quant au nom spécifique de "Jean Petit", son origine est plus récente. En effet, cette chanson reprend une histoire véridique qui s'est passée à Villefranche-de-Rouergue en 1643 où des milliers de gens se sont révoltés contre la taille et le Roi de France ("La révolte des croquants"). Ils avaient trois chefs dont l'un s'appelait Jan Petit. Ils firent confiance aux notables mais ceux-ci les trahirent. Quand il fut pris, Jan Petit fut attaché à une roue. Il fut condamné à être roué, ce qui était la façon de tuer les gens à l'époque (d'où l'expression "Être roué de coups"). Le bourreau lui brisa les os un par un. La chanson, qui est devenue par la suite une ronde pour les enfants, raconte le déroulement de cette torture. La chanson dit qu'il dansa avec le doigt quand on lui brisa le doigt, avec la main quand on lui brisa la main, avec le pied quand on lui brisa le pied, avec le ventre quand on lui brisa le ventre, avec les fesses quand on lui brisa les fesses, etc... C'est pour cela qu'il danse pour le roi de France sans savoir vraiment ce qu'il danse.

Également, depuis longtemps, cette chanson est traditionnellement associée à une danse. Danse mimée très populaire dans beaucoup de régions occitanes et surtout en Béarn. Le meneur de danse énumère entre chaque couplet les diverses parties du corps et les danseurs doivent les frapper sur le sol ou bien sur les différentes parties du corps que le soliste vient de nommer : "Jan petit qui danse avec : le pied, le genou, la main, le nez, la tête, ...." Dans le Béarn, cette chanson ossaloise est interprétée dans un dialecte occitan : le gascon béarnais. Les femmes ossaloises étaient réputées pour leurs magnifiques costumes. Mais on la retrouve aussi chantée en provençal du côté d'Avignon ou d'Aix-en-Provence, ainsi qu'en français dans beaucoup d'autres régions de France ...

Yan Pétit extrait de la version audio de Nadau